La croissance de Jean-pierre Charvet

“Trop petit ou trop grand, on n’est jamais content “. Derrière cette phrase un peu provocatrice se cache la 2e proposition : ” La croissance des enfants expliquée aux parents “.

Ce livre est en effet consacré au phénomène de la croissance humaine qui permet, en moins de 20 ans, de transformer l’œuf fécondé en un jeune adulte au faîte de ses possibilités physiques.

L’auteur se plaît à décrire les phénomènes physiques à l’œuvre dans cette transformation. Il se sert alors de sa longue expérience d’endocrino-pédiatre, spécialiste des troubles de la croissance. Il a en effet assuré pendant longtemps des consultations d’endocrino-pédiatrie, à Hyères au Centre hospitalier dont il était le chef de service, mais aussi au Centre hospitalier de Toulon et, surtout, à Marseille au CHU de la Timone où il a consulté pendant 31 ans !

Il s’inscrit en faux à propos de la croyance populaire qui voudrait que les enfants continuent à être plus grands que leurs parents et démontre que les courbes de taille qui figurent sur tous les carnets de santé sont toujours d’actualité.

En revanche, l’accroissement pondéral actuel initié par le mode de vie américain et qui gagne l’Europe, est lui bien réel mais ne doit pas faire l’objet d’une actualisation des courbes de poids car ces courbes ne seraient plus en conformité avec celles de la taille.

Les courbes de taille et du poids figurant sur le carnet de santé ont été fournies par celui qui les a élaborées, Michel Sempé, que l’auteur de ce livre a eu le plaisir de connaître et d’apprécier.

Jean-Pierre Charvet explique ainsi comment utiliser les données du carnet de santé et fait comprendre l’intérêt de l’appréciation du stade de puberté et de la maturation osseuse évaluée sur une radio du poignet pour estimer à partir de ces courbes un pronostic vraisemblable de la taille finale.

Il explique comment l’on analyse chaque croissance individuelle en se servant des données personnelles que peuvent fournir les parents. Il explique aussi les éléments utilisés par le médecin pour affirmer l’éventuelle anomalie : analyses de la vitesse de croissance, de l’âge osseux, éventuellement imagerie médicale, dosages de certains anticorps et des hormones intéressant la croissance, et parfois, analyse des chromosomes.

L’auteur aborde ensuite ce qui intéresse le plus le lecteur quand il est préoccupé par la taille de son enfant, le cas des enfants trop petits ou trop grands, en évoquant les éventuelles possibilités thérapeutiques.

Il y a beaucoup de causes possibles à l’origine des petites tailles, beaucoup moins pour les grandes tailles, mais toutes doivent être évoquées dès que l’on décèle un trouble de croissance.

C’est en particulier dans la recherche des causes des petites tailles que l’on trouve plus volontiers :

– des causes anténatales génétiques ou acquises au cours de grossesses perturbées : malnutrition ou, plus souvent dans nos pays, infections ou intoxications du fœtus ;
– des causes acquises au cours de l’enfance, liées soit à des maladies chroniques soit à la déficience d’un organe (intestin, poumon, coeur, rein) dont le mauvais fonctionnement à un impact négatif sur la croissance, soit à des problèmes hormonaux le plus souvent déficitaires en hormones thyroïdiennes ou de croissance. Dans un bon nombre de cas, un traitement adapté est souvent efficace.

Les causes de grande taille sont aussi à rechercher et peuvent être également d’ordre génétique ou liées à des problèmes hormonaux en particulier de la glande surrénale ou des gonades, celles-ci assurant une accélération de la croissance mais aussi son arrêt. Toute puberté trop précoce ou tardive peut intervenir dans la qualité de la taille finale. Là aussi, il y a des possibilités thérapeutiques qu’il faut connaître.

Si après recherche soigneuse de cause, rien d’évident n’apparaît, force est d’admettre que la petite ou la grande taille est d’ordre familial et qu’il n’y a rien d’autre à faire que de s’accepter ainsi.